Cher journal, Coquelicot grandit tellement vite ! Mais bon, je t'avouerais, que la grande nouvelle de cette confidence n'est pas la poussée des dents de ma petite (elle en a déjà trois !), c'est surtout que Don a emménagé. Nous nous baladions au parc un soir, et il m'a posé une question qui m'a laissé dubitative. « On rentre à la maison ? ». Juste ça. Ce n'est pas le fait qu'il veuille rentrer si tôt qui m'a fait m'arrêter, mais le fait qu'en fait, depuis la naissance de Coquelicot et même avant, on habitait ensemble au final. Il y avait bien eu une ou deux soirées que l'on a passé chacun de son côté, mais sinon, on est tout le temps collé ensemble. 

Je lui ai donc fait la proposition, que jamais je n'aurais imaginé faire, est-ce-qu'il voulait venir vivre chez moi ? C'était certes petit, mais j'avais économiser pour faire construire une chambre à part à la petite. On pouvait très bien vivre à trois dans ma maisonnette. Evidemment, Don était partant, penses-tu depuis le temps qu'il attendait que je le lui demande. Nous avons donc dès ce soir là commencé à préparer son emménagement. Faute de place, il n'y avait pas de soucis de meubles à trasnporter ou quoi que ce soit, il a simpement prit ses vêtements et mis en vente sa maison, meublée. 

Et avec l'argent de la vente, on a pu commencé les travaux pour la chambre de Coquelicot, et avec le reste, Don m'a acheté la voiture de mes rêves. Je te jure, quand il a débarqué avec cette voiture, je suis restée une heure à lui dire que je l'aimais (la voiture, pas Don, faut pas déconner), et j'ai passé une autre heure à l'intérieur à me dire que cette voiture était mienne, et que j'étais sienne, je pense la demander en mariage dans peu de temps. 

Et sinon, grande nouvelle, j'ai enfin démissionné, je passe dorénavant mes journées à peindre, presque nue dans mon jardin, près de mon âme soeur (la voiture, toujours pas Don) et l'amour de ma vie (ma fille, Don peut rêver). Je me sens tellement épanouie dans mon quotidien en ce moment, je suis heureuse de tout. Je craignais un peu le fait que Don habite officiellement à la maison, mais absolument pas, je me sens vraiment bien avec lui, je suis confiante pour l'avenir, plus rien de mal ne peut m'arriver !

Cher journal, un drame s'est produit.

Au delà de la couche de Coquelicot qui a encore débordé, encore pire que le jean troué que Don s'est acheté... Conan est mort. Mon pauvre petit poisson rouge dont je m'occupais si bien, que chaque jour je nourissais, à qui je parlais parfois même, il est partis. Ne t'en fais pas, j'ai fais mon deuil. 

Mais ce drame m'a fait réalisé, que la vie est courte. Ce drame m'a fait réalisé, que ça faisait déjà un bon moment que j'avais perdu l'amie qui comptait beaucoup pour moi, la seule que j'osais qualifier de « meilleure amie ». Roxanne. Ca faisait tellement longtemps qu'on ne s'était pas vue, elle n'était même pas au courant que j'avais eu un enfant ! Ni une ni deux, j'ai pris mon bébé, lui ai changé sa couche et je suis allée frapper à leur porte.

C'est R-M qui m'a ouvert, le timing parfait, j'ai pu lui présenter mes excuses qu'elle a accepté en souriant. Il ne me restait plus qu'à aller voir la principale concernée. Tu aurais dû voir ma tête quand je me suis avancée vers elle, un énorme sourire sur mon visage, elle est splendide et n'avait pas changé si ce n'est de coupe de cheveux. Je lui ai présenté à son tour mes excuses, et elle s'est empressée de s'excuser à son tour en me serrant dans ses bras. Avant de remarquer le petit Coquelicot qui était dans mes bras. 

« Euh... Dis moi Cerise, tu l'as trouvé où ce bébé ? »

« Ah si tu savais la longue histoire que c'est ! »

Et je lui ai raconté cette longue histoire. On a passé je ne sais combien de temps à se raconter ce qui c'était passé dans nos vies depuis la dernière fois qu'on s'est vue. Elle et R-M se sont séparées peu après notre dispute, elles ont compris que tout leurs problèmes ne venaient pas que de moi, et ont pris une pause dans leur relation pour revenir sur de bonnes bases. Maintenant elles sont de nouveau ensemble et n'ont jamais été aussi heureuses !

Lorsqu'il a commencé à se faire tard, je lui ai dis au revoir à contre coeur et je suis allée chez Don pour lui annoncer la nouvelle et qu'il voit la petite.

On a fêté comme il se le doit ma réconciliation avec Roxanne, tu t'en doutes bien. 

Et là tu dois te demander, mais qu'a-t-elle fait de sa fille ? Elle ne l'a pas laissé à une baby-sitter pour aller s'envoyer en l'air quand même ! Je t'ai dis que je suis venue pour annoncer à Don la bonne nouvelle ET qu'il voit sa fille. Don a acheté un petit berceau pour Coquelicot qu'il a mis sur sa terrasse, l'avantage de vivre dans une ville où le seul climat est « Il fait chaud, mais pas trop, 'fin ça va quoi », c'est qu'on peut dormir à l'extérieur et que tout aille bien. Coquelit dort aussi bien dans le berceau de ma chambre que sur la terasse de son papa. 

Cher journal, excuse moi mon instinct maternel n'est pas vraiment ressorti dans ma dernière confidence, comprends moi la sage femme venait tout juste de me faire mes points de sutures et de me donner une brochure sur le baby blues, je savais pas moi qu'on pouvait être déprimée après avoir eu un bébé. Non je ne comprends pas, c'est pourtant si beau la grossesse. Je suis ironique.

Après quelques jours à l'hôpital je suis finalement ressortie avec le plus beau des bébés, la plus belle des petites filles, ma petite Coquelicot Curry, ma fille. Cet enfant a des pouvoirs psychiques, elle arrive à rendre idiot quiconque rentre dans un périmètre d'un mètre d'elle. Sinon comment expliquer les parents gateaux que nous sommes avec elle moi et Don. 

C'est vrai que je ne t'ai pas vraiment parlé de Don et de l'avancée de notre relation. Et bien, disons que nous avons commencé par d'abord être amis, avec un petit plus. Ce n'est pas parce qu'il me plaisait et que j'attendais un enfant de lui que j'allais pour autant follement tomber amoureuse de lui en un instant. Je pense l'apprécier, l'aimer serait un bien grand mot. Disons que j'ai un peu peur de m'avancer et construire un avenir avec lui, en fait ce qui me fait peur c'est de totalement me fourvoyer. Et si mes sentiments n'étaient là que parce que Coquelicot nous rassemble ? 

Mais au fil du temps, j'ai commencé à oublier cette peur, du moins à la surpasser.

« Ecoute Don, on a passé ces derniers mois tous les deux, on a une petite fille à présent ensemble, c'est peut-être bête, mais que dirais-tu d'officialiser notre relation plutôt qu'on continue de rire bêtement quand on nous demande ce qu'il y a entre nous ? »

Ah mon journal, si tu avais pu voir la joie dans son visage. Je lui donnais ce qu'il attendait depuis l'adolescence. Ce n'est qu'un petit pas dans notre relation, mais je crois que c'est une grande étape dans ma vie !

J'ai pris cette photo avant d'aller changer la couche de Coquelicot, l'ironie est que Don, qui est en temps normal réticent à s'engager, juste après que nous ayons décider d'officialiser notre relation s'est assis pour lire « Réticence à s'engager ».

Saloperie d'ironie hipsterienne, je suis sûre que dans sa tête ça sonnait super cool de faire ça.

Don est un papa tellement impliqué que lorsque je sors faire les courses ou peindre, il reste non-stop dans ma chambre pour guetter Coquelicot, allant jusqu'à dormir tout habillé au cas où il faudrait l'emmener à l'hôpital, je te promet qu'il m'a sorti ça comme excuse. Du coup je lui ai dis de ne pas commencer à jouer au papa ultra protecteur sinon ça allait vite me gonfler. Depuis il fait des efforts. 

Des efforts sauf pour une chose.

« -Comment ça ma maison est trop petite pour un bébé ?

-C'est à peine si à deux adultes on tient dedans, qu'est-ce-que tu feras quand Coquelicot grandira ?

-Je déménagerais, mais on y est pas encore, j'y tiens à cette maison, c'est le symbole de mon confort ! »

Il ne démords pas de vouloir me faire déménager ailleurs, je crois que secrètement c'est parce qu'il espère qu'on habitera ensemble si je quitte la maison, mais je ne sais pas vraiment si je suis prête pour ça en toute honnêteté. Tu m'excuseras cher journal de t'écrire bien moins régulièrement qu'avant, mais avec un bébé dans les pattes, c'est pas facile tout les jours. Et puis ma vie est moins mouvementée, donc moins besoin d'écrire aussi !

Cher journal, je n'ai aucune idée de qui a bien pu dire ça, mais il avait tort. Les vergétures, les boutons d'acné qui me font revivre mes quinze ans avec une nostalgie feinte, ah et les poils ! Tu as déjà essayé de te raser avec un ventre énorme ? Evidemment que non, tu es un journal intime, c'était une question rhétorique. Comment ça ma mauvaise humeur est encore plus présente ?  C'est les hormones, c'est le médecin qui l'a dit. Bon sinon, quoi de neuf ? Je regrette amèrement d'avoir gardé cet enfant. Alors certes je peux peindre autant que je veux, certes ça va me permettre de quitter mon boulot pour me lancer dans la peinture, mais tu as déjà essayé de te retenir deux minutes d'aller aux toilettes quand tu as un truc qui appuie sur ta vessie toutes les secondes ? Non je ne pense pas.

Mais bon je vais cesser de geindre (jamais), mon ventre a triplé de volume, et je me gave de pancakes, de sandwich au fromage fondu, et d'ail. Oui de l'ail, cru. Les hormones je te dis, les hormones ! Je suis revenue à un état prémitif ou je ne fais que manger, aller aux toilettes, dormir, et de temps en temps je sors de la maison pour «m'aérer» comme disent les Autres (j'ai commencé à appeler Autres les inconnus du monde Extérieur).

Grâce à mes économies et mes congés payés, j'ai pu acheter un berceau adorable comme tout au futur petit, quand Don a vu ça il a dit « Et on fait comment si c'est un garçon, le berceau est rose ». Je lui ai écrasé le pieds avec mes chaussures orthopédiques et je lui ai dis « Ben on lui paiera des années de thérapies, je pense qu'en effet si un jeune garçon a le moindre contact avec du rose il devient fan de Marc Levy, nazi, et nécrophile. Evitons ça avec un psy. ». Il a rapidement compris que j'ai de base tendance à être rapidement agacé, mais qu'enceinte il vaut mieux encore moins m'énerver. Non mais c'est qui aussi l'abruti qui a décidé que fille = rose et garçon = bleu. J'ai grandi dans une chambre bleu, j'ai un problème pour autant ? Non je ne crois pas.

Enfin bref, après cette paisible, douce, si agréable grossesse vint l'accouchement. Ah l'accouchement aussi joyeux que la grossesse. C'est la même chose, en deux fois pire. Déjà ça m'a pris en pleine nuit, l'impression qu'un alien essaie de se frayer un chemin hors de mon corps en tapant tout ce qui bouge, tu as mal quand tu as tes règles ? FILLETTE. 

En plus d'avoir trempé mon draps (perdre les eaux restera l'expérience la plus fascinante de ma vie), Don avait décidé de ne pas dormir à la maison ce soir là. J'ai essayé de l'appeler, pour tomber directement sur son répondeur. Après lui avoir laissé une centaine de messages où je lui disais à quel point je l'aimais, j'ai appelé un taxi, et je me suis mise en chemin vers l'hôpital en serrant les cuisses.

Chose amusante, y a une famille qui s'est mise à paniquer plus que moi quand ils m'ont vu, et le tout dans une parfaite synchronisation.

Et puis arriva enfin Don, un sourire béat au visage. Parce que oui cher journal, le papa est content que la maman accouche PARCE QUE LE PAPA N'A PAS A AVOIR LES JAMBES ECARTER PENDANT SEPT HEURES DEVANT UN MILLIER DE PERSONNE (au moins) SEPT HEURE JE TE DIS. Mais au moins Don était là, et dois t'avouer que sa présence m'a grandement rassurée et aidée. Quand je pense que dix chapitres plus tôt je détestais cet abruti...

Je n'irais pas par quatre chemin je suis enceinte. De qui, tu te doutes bien. Une semaine après la fameuse fête (et oui ça fait longtemps que je ne t'ai pas écris mon cher journal, tu m'excuseras je suis traumatisée) mes vomissements n'avaient pas disparu. Un petit rendez-vous chez le médecin plus tard et j'apprenais que j'avais un truc gluant dans mon uterus qui un jour allait me pomper mon argent et ma jeunesse si je le laissais devenir un véritable être. 

J'avais quelques semaines pour choisir de le garder ou pas, j'ai choisi de me prendre un congé pour me poser et penser, réfléchir. Ma mère m'a eu dans les même circonstances, j'étais un accident, maman ne me l'a jamais caché, mon père était un coup d'un soir, un homme de passage en ville, elle ne l'aimait pas et ne l'a jamais revu après ça. Quand elle a appris qu'elle était enceinte, son seul choix aura été de réfléchir ou pas. Et elle a choisi d'y penser, d'essayer d'imaginer sa vie, à 24 ans avec un enfant. J'ai fais la même chose. Au début, je me levais en haïssant cette larve qui grossissait dans mon estomac, en maudissant ma mère de m'avoir appris à réfléchir aux choix importants que le destin met devant nous. Et puis je me suis habituée à l'idée, je me suis dis que j'avais quelques économies pour permettre à ce futur enfant (faut pas déconner, avant un certain nombre de mois c'est pas humain, ni vivable ce qu'on a dans l'uterus hein) de vivre correctement. J'ai fais le choix de réfléchir, j'ai réfléchis à le garder, je l'ai gardé. 

Il ne me restait qu'à prévenir Don que je n'avais pas vu depuis quelques temps, les seuls échanges que nous avions eu étaient par mails, où il me demandait des nouvelles, essayait d'obtenir de moi un rdv pour qu'on parle, de moi, de lui, de nous. Il voulait un futur avec moi. J'avais des sueurs froides à m'imaginer quoi que ce soit entre nous. Mais je me devais de le prévenir, de l'informer. J'ai fais des conneries dernièrement, pas au point de cacher au père de l'enfant que j'attends, que ben... Il va être papa. 

Evidemment il a accepté avec joie, me proposant de le rejoindre dans un petit parc en ville dans la soirée. 

A peine arrivée, il m'a demandé de lui accorder une chance pour me prouver qu'il n'était pas l'enfoiré qu'il paraissait depuis qu'on se connaissait. Visiblement, il avait déjà tout prévu. Il m'a fait m'asseoir dans l'herbe, à passer son bras derrière moi et s'est mis à me parler des étoiles, qu'il aimerait bien un jour être astronaute, ou créer une entreprise de projecteurs à étoiles et de tout ce qui touche l'astronomie. 

Bon, j'avoue j'étais assez étonnée de le voir comme ça. Moi je le connaissais grande gueule, dragueur, petit con prétentieux qui se permet de traiter n'importe qui comme de la merde en expliquant par a+b que lui est l'homme parfait. Mais là c'était un Don assez cool, détendu, touchant presque...

« -J'admet que je passe une bonne soirée, si on m'avait dit que derrière Don Lothario se cachait un mec sympa, j'y aurais pas cru.

-Ah ben tu vois que je suis merveilleux.

-Tu rebaisses dans mon estime.

-Oh ça va, je plaisante ma p'tite. Bon et sinon, il me semble que tu voulais me dire quelque chose à l'origine ? »

Le grand moment était effectivement enfin arrivé, et finalement, j'apréhendais d'annoncer à Don la nouvelle. Il venait de passer toute sa soirée à faire en sorte que je lui laisse une chance de faire autrement partis de ma vie qu'en se détestant et en se faisant des crasses. Et bon sang, cet abruti avait réussi, le Don qui apparaissait devant moi me plaisait bien, il me donnait envie de davantage le connaître. Je redoutais de lui dire que j'étais enceinte de lui, et que je comptais garder l'enfant, je ne sais pas si ça me ferait que bien de pour la deuxième fois en peu de temps, me faire jeter par un garçon qui me plaît. (Don Lothario me plaît, t'y crois ça ?)

Mais je ne pouvais pas le lui cacher plus longtemps alors je me suis jetée à l'eau. J'ai vu ses traits se tendre, sa peau se faire plus pâle, mais surtout il restait absolument silencieux. Ce n'est qu'une fois que j'eu fini mon discours, qu'il s'est lancé.

« Ecoute Cerise, c'est euh... Assez dur ce que tu m'apprends là. J'ai envie d'être père, évidemment, mais maintenant ? Je viens d'avoir 22 ans, on est même pas ensemble, et la moitié de notre vie on s'est haït, enfin toi en particulier, tu sais bien que pour moi c'était différent. Je veux t'aider pour cet enfant aussi bien émotionnellement, que financièrement, je te demanderais juste de ne pas trop me mettre la pression. »

« Mon p'tit Don, si j'étais venue te mettre la pression ou quoi que ce soit, tu le saurais déjà depuis un moment. Je suis venue pour te prévenir voilà tout, que tu veuilles t'impliquer dans la vie de ce bébé ça me fait plaisir, mais je ne te demande pas de te forcer ou quoi que ce soit. Peu importe ce que tu veux faire, je respecterais ton choix. »

Et ce rendez-vous s'est terminé presque comme un vrai rendez-vous avec un petit bisou, et des étoiles dans les yeux.

Bon, d'une part ma gueule de bois me donnait un mal de crâne pas possible, mais après avoir essayé d'avaler une assiette de pâtes qui datait de hier, c'était encore pire puisque en plus d'avoir envie de m'injecter de la morphine pour ma tête, j'ai pas arrêté de vomir. 

Bref, gardant ma super bonne humeur, je suis allée vers chez Don, première étape, pour le remercier d'avoir organiser ma soirée de hier. A peine arrivée, j'ai senti que ça allait encore être une très mauvaise journée.

Don m'a pris les mains, tout en me disant à quel point sa nuit avait été merveilleuse, et qu'il était désolé d'être partis si tôt ce matin... Pardon ? Donc en fait, ma nuit passionnée, où j'avais enfin fait un avec mon âme soeur avait été une nuit avec Mr.TdB. 

Le choc

La fin de ma dignité.

L'horreur.

Du coup j'ai pris la fuite et je suis allée directement dans le petit parc du quartier. J'ai réfléchis avant de me dire que je me devais d'être franche avec Ludwig, lui expliquer. Et en y réfléchissant encore plus, je me suis dis qu'avec mon délire d'être amoureuse de lui, je m'étais bien foutue le doigt dans l'oeil. Alors je l'ai appelé pour lui demander de me rejoindre.

« -Ecoute Ludwig, je dois te dire quelque chose... J'étais très saoule hier et apparemment j'ai... passé la nuit avec Don. J'en suis désolée, mais ça m'a ouvert les yeux et je ne suis pas sûre que quoi que ce soit entre nous soit possible.

-Euh... pardon ? »

« Tu m'excuseras Cerise, mais de toute façon il ne se serait rien passé entre nous. J'ai déjà du mal à gérer ma femme, c'est pas pour en avoir une autre à côté, la seule chose que j'envisageais avec toi se passait dans ton lit hein. »

Génial. 

Dans la journée j'apprenais que j'avais couché avec le type que je détestais le plus sur cette planète et qu'il avait des sentiments pour moi. Et en revanche le type qui me plaisait était un enfoiré infidèle.

J'ai une nouvelle fois pris la fuite, cette fois pour aller me terrer sous ma couette avec de la glace à l'orange et une bouteille de coca-cola. 

Qu'est-ce-que j'ai fais aux Dieux pour mériter d'avoir un si mauvais karma ? Je suis déprimée, vraiment, je sais pas quoi penser, quoi faire, je n'ose même pas envisager de retourner au boulot, j'ai trop peur de croiser Don et surtout Ludwig, mais d'un autre côté nous sommes voisins, on sera obligé de se croiser. Je dois déménager tu penses ? Je vais me recoucher, ça me fera le plus grand bien je pense. Demain matin ça ira mieux, c'est sûr.

Ah cher journal, mon cher ami, si tu savais à quel point je suis sur un nuage, si seulement je pouvais trouver les mots pour exprimer mon bonheur. Comme prévu, moi et Mr.A sommes allés voir Lunettes de soleil & de velours. Bon le film en soi n'était pas top, mais j'étais trop contente d'être avec Ludwig, qui m'a acheté du pop corn, de quoi me rendre encore plus heureuse !

Nous sommes ensuite allés au restaurant. Je te l'avais déjà dis mais j'habite dans un quartier d'hipsters, donc forcément ils sont quasiment tous végétariens, du coup le restaurant du quartier l'est aussi. A peine arrivés au restaurant on ne rêvait que de hot dog dégoulinant de sauce, de graisse et de gluten, de poisson, de steak, de frites baignant dans l'huile. C'est donc ce que l'on a pris. Bon le repas était un peu... Ben... Silencieux.

Mais c'était quand même super !

Et puis nous sommes rentrés, je peux te dire que j'étais pas peu fière de pouvoir montrer à Don la fin de mon célibat lorsqu'on est passé devant chez lui. (Parce que oui, Ludwig m'a ramené chez moi hihi !). Une fois devant la porte, j'ai osé, je n'attendais que ça de toute la soirée, je me suis jetée sur sa bouche ! Bon un peu timidement quand même, faut pas abuser. 

C'était doux, mignon, gentil, adorable ! J'avais un peu envie de lui dire de mettre un peu plus de coeur à la tâche, mais c'était un très joli baiser.

Pour être sûre de le revoir le plus tôt possible (les emplois du temps à l'école ont changé, on ne se croise que rarement), je lui ai dis que j'organisais une fête. Gros mensonge, gros gros mensonge. Et pour bien empirer la situation, j'ai dis que je la faisais le lendemain. Oups.

J'ai tout fait pour m'en sortir, je te jure. Je me suis fais une manicure, un masque pour la peau, et tu sais quand je disais que je voulais me teindre les cheveux, ben je l'ai fais. Bref j'ai tout essayé pour organiser cette soirée, en vain. En vain je te dis !

Du coup, comme d'hab, je suis allée quémander de l'aide à la seule personne qui ne me met pas dans la merde, mais que je ne supporte pas. Don Lothario.

Qui étonnement m'a promis qu'en deux heures il m'organiserait la fête du siècle, avec tout les gens qui me sont proches, et lui, évidemment. 

« Essaie juste de faire quelque chose avec ta tête, tu veux le séduire, pas lui rappeler que t'as encore seize ans dans ta tête, je sais pas enfile un truc un peu moulant, coiffe toi et mets toi du rouge à lèvre, fais un truc. »

Connard sexiste.

Mais le pire c''est que je l'ai écouté, et en sortant de la salle de bain, j'avais enfin l'impression de faire mes 21 ans. Petite robe noire, rouge à lèvre qui était à ma maman, des bas noirs, et mes cheveux noués en chignon. Je suis classe non ? Plutôt chic !

Et puis les invités sont arrivés, remplis d'inconnus. Dont un, Georges qui ne cessait de me draguer, j'ai entraîné Don dans un coin, et je lui ai demandé qui c'était tout ces gens. 

« Ben je veux bien, mais d'après ce que tu m'as dis, à part les collègues tu parles pas à grande monde en ville. Donc j'ai invité mes potes. » BIM, prends toi ça dans la tronche Cerise. Mais bon, je n'étais pas d'humeur à me remettre en question, pas envie de penser ni quoi que ce soit, je me suis servie un verre et je suis allée parler aux invités et mettre la musique un peu plus fort.

22h, j'en suis à mon troisième verre de whisky, Ludwig n'est toujours pas là. Je fonce sur Don pour lui demander si lui a des nouvelles, sait-on jamais, ils ont l'air assez potes au boulot. Don s'est marré et m'a dit de me détendre et de me resservir un petit verre, ce que j'ai évidemment fait.

Finalement, une fois saoule, j'ai commencé à me détendre et à sympathiser avec les invités que je ne connaissais pas. J'ai dansé avec une petite miss absolument magnifique qui s'appelle Cybèle, et elle porte bien son prénom. Elle m'a proposé qu'on aille boire un verre un de ces quatres ensemble. Eh ! T'as entendu Don, je ne traîne pas qu'avec mes collègues de bureau !

Et puis alors que ma bouteille en arrivait à la fin, Ludwig est arrivé, ne me demande pas l'heure, j'en ai aucune idée. D'ailleurs mes souvenirs commencent à s'arrêter là. J'avais vraiment trop bu. Mais je sais que j'ai passé une super soirée, et d'après les petits mots écrits sur mon miroir, les invités aussi ont adoré, et Cybèle m'a noté son numéro sur un post-it. Je me demande si je lui ai pas tenu les cheveux quand elle vomissait tiens...

Toujours étant que.... SCOOP !

J'ai passé la nuit avec Ludwig ! Et oui ! Enfin, je pense que c'est lui.

J'ai honte, mais j'ai aucun souvenirs si ce n'est que c'était merveilleux, s'en était fini de la tendresse de notre baiser de la veille, c'était torride. Passionné, sauvage, je pense que ça devait faire un petit moment également qu'il en avait envie héhé. J'avais l'impression d'être enfin complète avec mon âme soeur.

Bon le lendemain, je me suis réveillée seule, mais je compte bien aller le voir pour qu'on en parle. Je te fais de gros bisous plein de tout l'amour que j'ai en moi, et je vais m'acheter des antis-vomitif et de l'aspirine, j'ai une de ces gueules de bois....

Okay, j'ai passé le samedi le plus bizarre de ma vie. Donc je t'avais laissé en plan quand R-M m'a appelé, et figure toi que c'était pour m'inviter à une fête qu'elle organisait chez elle et Roxanne. Moi ! M'inviter à une fête ! Forcément, je me suis méfiée. Mais quand j'ai entendu Roxie qui plus loin me disait de venir, je me suis dis que peut-être R-M m'avait invité pour ne pas que Roxie se sente seule. J'ai enfilé mon maillot de bain, vu que c'était le thème, et je me suis donc rendue à cette fête.

Comme je te l'ai dis, j'y allais avec une aura de méfiance autour de moi, prête à écouter les confidences de mon amie sur son couple qui va mal. Et pas du tout, je suis arrivée, elles étaient en train de danser, un verre de tequila sunrise à la main, en riant entourées d'invités qui s'amusaient tout autant. Bon.

Et là R-M vient me voir, se met à me parler, comme si nous étions les meilleures amies du monde, du coup ben... Je l'ai un peu rembarré. 

Et je crois que je n'aurais clairement pas dû, elle s'est énervée d'un coup et s'est mise à me hurler dessus. « Ecoute Cerise, moi non plus je ne t'apprécie pas trop, j'ai même carrément du mal avec toi, mais uniquement pour la simple et bonne raison que comme tu ne m'aimes pas, Roxie commence à t'écouter quand tu me critiques. Résultat tu lui as mise en tête que je la trompais, et que j'étais la pire femme au monde. T'es bien sympa, mais ce soir j'essaie de faire un effort pour m'entendre avec toi, et te montrer que je ne suis pas le monstre que tu crois. »

Je m'attendais à être soutenue de Roxie et quedal.

Au contraire elle a croisé les bras en entendant qu'on se disputait, et m'a dit de sortir immédiatement. Une fois dehors, elle m'a dit qu'en effet, elle avait clairement été influencé par mon manque d'atomes crochus avec R-M, que elles en avaient parlé ensembles et que c'était depuis que j'étais dans leur vie que elles avaient des problèmes. 

Au même moment, j'étais cambriolée.

Oui je te l'annonce net, j'ai eu la peur de ma vie, peur que mon ordinateur (et donc toi ayez disparus), que ma télé ne soit plus là, et que Conan se soit fait tué, mais tout va bien. Enfin, tout va bien. 

Moi j'ai compris que j'avais été cambriolé lorsque j'ai vu une voiture de police arriver. J'ai traversé la rue en laissant Roxie que je ne voulais de toute façon plus trop voir en plan, et j'ai demandé des explications. 

Apparemment une cambrioleuse a réussi à passer la sécurité du quartier, car je vis dans un endroit plutôt sécurisé, personne ne ferme jamais sa porte d'entrée, parce que ça ne sert clairement un rien dans un quartier aussi sûr. Sauf pour moi, évidemment. 

Alors que je paniquais, la policière s'est mise à me juger parce que j'étais en maillot de bain, après la journée d'enfer que j'avais passé, j'ai réagi au quart de tour. Elle a calmé le jeu en me demandant d'ouvrir la porte pour qu'ils puissent vérifier l'intérieur. « Parce que la porte est fermée ? » j'ai couiné. Ben oui, quartier sûr, pas besoin de fermer sa porte, je laisse les clés de la porte d'entrée je-sais-pas-où et j'y touche plus, impossible que j'ai fermé la porte. Saleté de cambrioleuse qui en plus a décidé de me faire chier. La policière a soupiré avant de me dire qu'ils allaient appelé un serruier, mais que tout allait prendre du temps, et qu'il vallait mieux que j'aille dormir à l'hôtel. 

Sauf que je n'ai pas les moyens de me payer un hôtel...

Du coup je suis allée me traîner de mauvais poil vers chez Don pour lui demander asile. Je venais de m'engueuler avec Roxanne, je ne suis pas encore assez culottée pour oser aller demander ça à Ludwig (Mr.A) alors qu'on ne se connaît pas tant que ça, d'ailleurs, petit scoop à la fin. Par rapport à Mr.A !Don restait le seul à disponibilité.

Evidemment, une admiratrice était là pour lui dire à quel point il est beau, et intelligent, et bourré de charme, et marrant, c'est bon ma grande il en est déjà convaincu, pas la peine de le lui redire. Evidemment Don a pris grand plaisir à me faire mariner en maillot de bain pendant qu'il lui proposait de repasser un autre soir pour faire plus ample connaissance.

Qui vient à 1h du matin déclarer sa femme à un plouc comme lui ?

Bref, Mr.TdB a fini par la dégager et a gentiment accepté que je squatte son lit, parce qu'en galant homme, Mr.TdB m'a laissé son lit. Il est à gerber sérieux... Le pire c'est qu'au milieu de la nuit, je me réveille en sentant que j'ai enroulé ma main autour de quelque chose. C'était un string ! Un STRING. Ce type est un porc.

BREF, scoop ! Je t'écris actuellement depuis mon ordinateur, il est midi, ce dimanche s'annonce meilleur que le samedi, pour au moins UNE chose. En apprenant mon cambriolage, Mr.A est passé, et devine à qui il a proposé d'aller voir un film lundi soir après le boulot ? Et « Pourquoi pas un petit resto après, mais par pitié un restaurant où ils servent de la viande » ? A MOI ! Et oui ! Je suis en mode danse de la joie depuis une heure, et je sirote mon whisky de la victoire en commandant un nouveau canapé (seule perte remarquable dans ma maison) sur Castorasims ! 

Je te raconte tout demain soir, ou mardi, sait-on jamais comment la soirée finira !

Ce matin devait être une bonne journée, la première de mon week-end. Je me suis levée de bonne heure et sans gueule de bois, le souvenirs de ma bonne soirée de hier me donnant encore plus la pêche. J'avais prévu un grand ménage pour ensuite ne rien faire le restant de mes jours de repos. Et même récurer la sauce bolognaise que j'avais étalé sur la cuisinière une semaine avant n'a pas pu entâcher ma joie de vivre.

J'ai reçu le poisson que j'avais commandé, oui Posimste livre des poissons. Je l'ai appelé Conan, parce que y a rien de plus pacifique qu'un poisson rouge du pacifique et que je trouvais ça très ironique. (Tu reconnaîtras la brique rouge de la maison de Mr.TDB). Et j'ai mangé mes gauffres sous le regard de mon nouveau colocataire. Bref, j'étais heureuse, midi venait de sonner et je pouvais me diriger vers le parc du quartier pour flâner, peindre un peu... 

Sur mon vélo je saluais les voisins que je croisais, leur souhaitant une bonne journée aussi belle que la mienne ! Et soudain le drame patate, je venais à peine d'arriver que j'ai reçu un appel de la directrice m'annonçant que Don ne s'était pas pointée à la sortie scolaire qu'il devait diriger et que je devais donc m'en occuper. EVIDEMMENT.

Moi je suis heureuse, je souris à la vie, je me suis faites belle et tout, et non ! NON !

Personne ne respecte ça, ah la vache. Bref, je t'écris donc depuis un ordinateur de la cité des Sciences, je compte m'envoyer tout ça par mail après, et les gamins attendent leurs parents. 

Attens, y a RM qui essaie de m'appeler, je te raconte ça après.

Cher journal, je suis amoureuse !

Vois-tu l'un de mes charmants collègues que j'ai surnommé Mr.A, parce qu'il est tellement drôle qu'on fait tous « Hahaha », est typiquement mon genre de garçon. Et il s'avère que on s'entends très bien, mais sans plus jusqu'à présent. Sauf qu'il a organisé une petite fête mercredi soir (dont le thème était Les années lycée, d'où mon ignoble tenue) et après quelques bières j'ai fini par me jeter sur lui pour l'assaillir d'une drague pas très subtile « Et sinon il est confortable ton matelas ? ». On aurait pu penser qu'une ivrogne vulgaire comme je l'étais n'aurait eu aucune chance, et ben Mr.A a été receptif, si, si je te jure ! 

C'est toute guillerette que je suis rentrée chez moi en me disant que très bientôt j'allais organiser un petit tête-à-tête entre moi et Mr.A mais voici qu Mr.TDB (Monsieur tête de bite) est venu comme à son habitude me gâcher ma soirée. 

« -Mais c'est une petite jupette qu'il me semble reconnaître, laisse moi me souvenirs... Seconde B - Option Art plastique et plus récemment Assistante du prof - Option célibat.

-Aha quel humour détonnant Don, non vraiment je n'en peux plus de toi. 

-Oh t'énerve pas Freckles*, serait-ce un arôme de rhum que je sens provenant de toi ?

-De Whisky, une femme une vraie, boit du whisky mon cher.

-Si mes souvenirs sont bons, alcoolisée tu m'ouvres tes cuisses non ?

-J'ai évolué depuis le lycée, je souhaite une bonne soirée à toi et ta main droite.

-Ou à mon cher ami que tu draguais dans cette même jupette l'autre soir plutôt. »

Quel abruti.

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